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Technopolis
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6 avril 2007

Episode 18

(scène très longue donc coupée en deux)

Chapitre 6

            Oceany regarda autour d’elle, frappée par la beauté des lieux : Bill Oxford avait fait de ses bureaux l’endroit le plus agréable de Technopolis. Sur le plafond se trouvaient différentes reproductions de tableaux célèbres de la Renaissance italienne, tandis que les murs étaient en réalité d’immenses aquariums dans lesquels nageaient toutes sortes de poissons. Mark la conduisit à travers cet impressionnant labyrinthe de poissons et de peintures jusqu’à une grande porte en fer forgé, sur laquelle était représenté un ange semblable aux quatre piliers. Le jeune homme tapa un code qu’elle tâcha de retenir, puis la fit entrer dans une sorte de salle d’attente où se trouvaient quatre ordinateurs commandés par quatre robots, ainsi qu’une dizaine de fauteuil en velours rouge.
« Ces ordinateurs sont reliés aux quatre commissariats de la ville et notent tout ce qu’il se passe d’anormal. L’insécurité est le plus grand problème de Technopolis et même si elle n’est pas élevée, mon père lutte activement contre les rebelles et essaie de trouver une solution pour que Technopolis soit une ville sûre à 100%. Je vais voir s’il est dans son bureau et s’il peut vous recevoir. Installez-vous et lisez le journal, si vous voulez, en attendant. »
Dès qu’il fut parti de la pièce, elle s’approcha d’un ordinateur et y glissa un CD-ROM pour y télécharger tous les dossiers. Le robot restant totalement impassible, elle en fit autant sur les trois autres, puis alla s’asseoir sur un fauteuil, priant pour que les CD soient prêts avant le retour de Mark, ce qui, heureusement pour elle, fut le cas. Apparemment, Oxford semblait introuvable. Elle glissa les quatre CD dans son sac et ouvrit un magazine qu’elle feuilleta rapidement. La presse de Technopolis avait la particularité d’être totalement futile et sans intérêt, mais c’était le propre de chaque dictature de contrôler la presse. Personne ne parlait de l’insécurité ou de la misère des bas étages, on préférait lire des articles sur les soirées mondaines ou quelques conseils beauté connus de tous.
La porte se rouvrit enfin et Mark apparut, souriant.
« Mon père n’est pas là, pour le moment, mais je pense que ce sera plus agréable pour vous de l’attendre dans son bureau : la vue est unique.
- Oh, je ne manquerai ça pour rien au monde. »
En réalité, elle se moquait éperdument de la vue, elle voulait juste approcher le PC d’Oxford et en retirer des informations. Elle suivit docilement jusqu’au bureau d’Oxford, traversant trois pièces dans lesquelles étaient entreposés divers livres.
« Je n’ai jamais vu autant de livres de ma vie ! s’exclama-t-elle.
- Oui, mon père adore ce genre de vieilleries.
- Où les trouve-t-il ?
- Je n’en ai pas la moindre idée. »
Apparemment, Mark ne partageait pas le goût de son père pour les livres, ce qui était plutôt normal. Cette société avait fait en sorte que plus personne ne s’intéresse à ses vieilleries et il était devenu impossible de lire un roman antérieur à Technopolis, hormis quelques grands classiques compilés sur CD-ROM. Ils montèrent ensuite un escalier en colimaçon et ils aboutirent enfin au bureau d’Oxford, une grande pièce circulaire aux murs de verre. Mais le plus étonnant, c’est que tout tournait : assis à son bureau, Oxford pouvait voir toute la ville sans bouger. Elle resta un moment immobile, les yeux écarquillés, la bouche entrouverte : elle s’était attendue à tout, sauf à ça. Mark, visiblement très fier de son père, l’entraîna derrière le pilier carré qui se trouvait au milieu de la pièce et par lequel ils avaient accédé à la place et lui montra la reproduction du « Sacre de Napoléon » de David, exposé face au bureau. Oxford avait le choix, il pouvait contempler soit la ville, soit le tableau.
« C’est…
- Grandiose, époustouflant, génial…mon père voulait avoir un bureau dans lequel il était agréable de travailler et c’est réussi, non ? Et dans quelques années, ce bureau sera à moi : n’est-ce pas merveilleux ?
- Je…heu…
- Et après, ce sera notre fils qui prendra la succession…et quand nous serons mariés, vous pourrez venir tant que vous voudrez, dit-il en lui prenant les mains. Je pourrais…je pourrais installer un autre bureau, de l’autre côté de la pièce, derrière le pilier, ça serait le vôtre, vous y feriez ce que vous voudriez.
- Je ne vois pas trop ce que je ferai avec un bureau.
- Vous m’aiderez bien sûr ! Je trouve que mon père a tort de toujours tout faire tout seul, il est beaucoup trop stressé et ne peut demander conseil à personne. Moi, quand je serai maire, vous gouvernerez avec moi, je vous le promets.
- Oh…je suis flattée. »
Il sourit et l’embrassa affectueusement sur la joue, ce qui la mit mal à l’aise. Il lui faisait entièrement confiance et elle en abusait, ce n’était pas loyal, mais la fin justifie toujours les moyens. Cette société était profondément inégalitariste et inégalitaire, on ne pouvait permettre tout ce cirque plus longtemps, elle le savait bien.
« Je vais chercher mon père. C’est si grand, ici, c’est pas facile de retrouver quelqu’un dans ce labyrinthe. Installez-vous dans le fauteuil, si vous voulez, ne vous gênez pas. Je me dépêche. »
Il la laissa seule une nouvelle fois et elle attrapa un nouveau CD-ROM vierge. Heureusement, elle en avait pris plusieurs. Elle commença à y copier tous les fichiers, mais l’opération semblait s’éterniser et pour s’occuper en attendant, elle alla se planter devant l’excellente reproduction du tableau de David, qui correspondait exactement au caractère d’Oxford : un despote mégalomane.
« Il est réussi, n’est ce pas ?  »
Elle se retourna vivement et eut la désagréable surprise de voir Bill Oxford qui la détaillait d’un air malveillant.
« Je…hum…je suis Oceany Antelwort Geller, je suis la future fiancée de votre fils.
- Je sais qui vous êtes.
- Oh. Je suis enchantée de vous rencontrer, dit-elle en lui tendant la main.
- Où est mon fils, répondit-il en ignorant la main tendue.
- Il est parti vous chercher.
- Ne vous offensez pas, mais je n’aime pas qu’on fasse entrer quelqu’un dans mon bureau sans mon autorisation : nous sommes dans le cœur même de Technopolis.
- Oui, je sais, et c’est pour ça que j’ai demandé à Mark de me faire visiter. Cette ville est un vrai paradis sur terre, j’admire tellement tout ce que vous avez fait pour nous, c’est…
- Oh, c’est bien peu de chose. »
Apparemment, elle venait de rentrer dans ses bonnes grâces, il suffisait de le flatter un peu, comme la plupart des mégalomanes et elle se mit à le haïr encore plus qu’avant. Il ne consentait à être poli avec elle que si elle se pâmait devant son œuvre, alors qu’en réalité, elle exécrait cette ville.
L’ordinateur bippa, indiquant que l’opération était terminée et Oceany sentit la panique monter en elle : elle allait être découverte.
« Qu’est ce que c’est ? demanda Oxford.
- Oh, je n’en sais rien. Vous avez peut-être reçu un message, sans doute rien d’important.
- Non, ça ne fait pas ce bruit là, c’est autre chose, c’est curieux. Je me demande si…
- Ah, tu es là, papa !  »
Oxford se retourna et regarda son fils des pieds à la tête, d’un air sévère et oublia instantanément l’ordinateur, ce qui soulagea profondément Oceany qui avait vraiment eu peur pendant un instant. Mark s’avança vers eux et prit la jeune femme par le bras.
« Papa , je te présente Oceany, ma future femme. Oceany, voici mon père, le maire de Technopolis.
- Pour les présentations, c’est un peu tard, maugréa Bill. Ta jeune amie s’est déjà présentée d’elle-même.
- Oh, je suis désolé : j’étais en train de te chercher. C’est si grand, ici ! Oceany est la fille d’Hank Antelwort.
- Je sais qui c’est, je ne suis pas né de la dernière pluie. J’ai connu votre père, il y a quelques temps, maintenant.
- Vraiment ? J’aimerais encore qu’il soit parmi nous, vous savez. Il est mort quand j'avais treize ans, et…
- Je sais. Mais les choses sont ce qu’elles sont, on ne peut rien changer. Bien, j’ai à faire, je ne peux pas rester plus longtemps ici. Je suis heureux d’avoir fait votre connaissance, Oceany, nous nous reverrons bientôt, sans doute. Mark, tu peux l’amener à la maison, c’est autrement plus agréable qu’ici. »
Il fit un vague signe de tête puis partit, les laissant seuls. Oceany calcula comment récupérer son CD, mais ça n’allait pas être facile : ils allaient partir, eux aussi et quand Oxford trouverait l’objet dans son PC, il comprendrait très vite d’où ça provenait.

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